• 10ème anniversaire de la revue Cités
• Le vendredi 9 avril 2010 à 17h30
• Société
• Au Salon André Essel, niveau 3
Rencontre autour du 10ème anniversaire de la revue. A l'occasion Jacques de Saint-Victor, Professeur d'histoire du droit à Paris 8, Jean-François Gayraud, commissaire divisionnaire et Yves Charles Zarka, philosophe, directeur de la revue Cités débattront autour du thème "Comment le capitalisme devient-il criminel ?".
>> Cités n°41 "Capitalisme : en sortir ?"
Présentation et Modération par Setâre Enayatzadeh:
Le Capitalisme est un système qui s’est développé, déployé, de sorte qu’il est devenu un cadre presque naturel d’échange. Nous y évoluons presque comme on s’enfle d’oxygène pour vivre. Sans réfléchir. Le capitalisme a façonné nos sociétés de sorte qu’il en devienne presque invisible. Ce sont ses effets pervers qui nous rappellent à lui, et à sa dénonciation. Le Capitalisme, quand il est observé, pointé du doigt, est toujours habillé d’une couleur qui le flatte assez peu. Associé à la domination, à la corruption, à la destruction, à l’aliénation, pour reprendre les termes de l’Edito de M. Zarka, le Capitalisme renvoie, inconsciemment à une vision homogène dans sa critique, et à une critique, traditionnellement uniforme, pour le néophyte : une critique dont l’héritage est très grossièrement, et très généralement attribuée à Marx, et qui accouche de grandes courants, divers et variés, qu’on peut néanmoins, dans sa forme la plus extrême, ranger arbitrairement sous le nom de communisme, branche du socialisme. Le libéralisme et le capitalisme tireraient leur force dans leur prétention à l’universalité : il s’agirait d’unifier le monde par le système de marché, car ce dernier serait un état naturel de la société, donc il devrait prospérer partout. Dans cette logique, il ne peut y avoir de conception alternative du monde possible. Pas de sortie possible. D’autant qu’on fait très largement reposer le capitalisme sur un fondement anthropologique, une nature de l’homme, une propension naturelle à la satisfaction de désirs qui, étrangement ne renvoient qu’à l’individu lui-même.
Mais les choses ne sont pas si simples. Et c’est d’ailleurs ce que ce numéro de Cités essaie de mettre en évidence. On ne peut plus parler du Capitalisme, mais DES capitalismes. Des capitalismes qui se défont de quelque chose qui, dans les esprits, leur est coextensif, à savoir l’absence de contrôle, la maîtrise exclusive de lui-même par lui-même. A ce titre, la Une de l’actualité financière mondiale est assez parlante : la crise a engagé des programmes de contrôle du capitalisme, à des échelles différentes, par moyens plus ou moins importants. On entend désormais des associations de mots qui jusqu’alors semblaient relever de l’oxymore. « Moralisation du capitalisme » dit M. Sarkozy. « Régulation du libéralisme » disent les analystes disséquant les propos de M. Obama. Le Capitalisme est comme démasqué. Reconnu en tant qu’il est une bête avec laquelle il faut cohabiter en la soignant de sorte qu’elle ne fasse pas trop de victimes. Le Capitalisme est criminel. Et si la crise des subprimes ne pouvait se comprendre qu’à l’aune, non d’explications strictement économico-financières, mais d’un paradigme criminel ? se demande Jean-François Gayraud, dans le présent numéro ? Criminel et inhumain ? Là intervient une distinction incontournable entre le capitalisme économique, et le capitalisme financier. Que l’un ait accouché de l’autre n’est probablement pas la question qu’il aura fallu se poser lors des crises des années 2000 (nous entendons, en dehors de la crise financière de 2008, la bulle internet des années 2000 liée à ce que l'on appelle l'immatériel dans l'économie moderne). Ce qui est à souligner peut se résumer en un chiffre : 70% des transactions mondiales se font de façon automatique, sans intervention humaine… Les montages financiers sont des mécanismes de contamination massive. Les actifs nocifs, pour reprendre les termes des économistes, endommagent les systèmes financiers mondiaux comme en empoisonnant le lac on extermine la population qui s’y abreuve… sans intervention humaine. A l’homme d’intervenir désormais. Le contrôle de l’incontrôlable, voilà le nouvel exploit à réaliser même s’il tient plus de la guérison, que de la prévention.
Le capitalisme : en sortir ? Réfléchir sur ses fondements peut-être, pour qu’au-delà d’une réflexion profonde sur les urgences financières mondiales, des perspectives nouvelles puissent être envisagées
• Le vendredi 9 avril 2010 à 17h30
• Société
• Au Salon André Essel, niveau 3
Rencontre autour du 10ème anniversaire de la revue. A l'occasion Jacques de Saint-Victor, Professeur d'histoire du droit à Paris 8, Jean-François Gayraud, commissaire divisionnaire et Yves Charles Zarka, philosophe, directeur de la revue Cités débattront autour du thème "Comment le capitalisme devient-il criminel ?".
>> Cités n°41 "Capitalisme : en sortir ?"
Présentation et Modération par Setâre Enayatzadeh:
Le Capitalisme est un système qui s’est développé, déployé, de sorte qu’il est devenu un cadre presque naturel d’échange. Nous y évoluons presque comme on s’enfle d’oxygène pour vivre. Sans réfléchir. Le capitalisme a façonné nos sociétés de sorte qu’il en devienne presque invisible. Ce sont ses effets pervers qui nous rappellent à lui, et à sa dénonciation. Le Capitalisme, quand il est observé, pointé du doigt, est toujours habillé d’une couleur qui le flatte assez peu. Associé à la domination, à la corruption, à la destruction, à l’aliénation, pour reprendre les termes de l’Edito de M. Zarka, le Capitalisme renvoie, inconsciemment à une vision homogène dans sa critique, et à une critique, traditionnellement uniforme, pour le néophyte : une critique dont l’héritage est très grossièrement, et très généralement attribuée à Marx, et qui accouche de grandes courants, divers et variés, qu’on peut néanmoins, dans sa forme la plus extrême, ranger arbitrairement sous le nom de communisme, branche du socialisme. Le libéralisme et le capitalisme tireraient leur force dans leur prétention à l’universalité : il s’agirait d’unifier le monde par le système de marché, car ce dernier serait un état naturel de la société, donc il devrait prospérer partout. Dans cette logique, il ne peut y avoir de conception alternative du monde possible. Pas de sortie possible. D’autant qu’on fait très largement reposer le capitalisme sur un fondement anthropologique, une nature de l’homme, une propension naturelle à la satisfaction de désirs qui, étrangement ne renvoient qu’à l’individu lui-même.
Mais les choses ne sont pas si simples. Et c’est d’ailleurs ce que ce numéro de Cités essaie de mettre en évidence. On ne peut plus parler du Capitalisme, mais DES capitalismes. Des capitalismes qui se défont de quelque chose qui, dans les esprits, leur est coextensif, à savoir l’absence de contrôle, la maîtrise exclusive de lui-même par lui-même. A ce titre, la Une de l’actualité financière mondiale est assez parlante : la crise a engagé des programmes de contrôle du capitalisme, à des échelles différentes, par moyens plus ou moins importants. On entend désormais des associations de mots qui jusqu’alors semblaient relever de l’oxymore. « Moralisation du capitalisme » dit M. Sarkozy. « Régulation du libéralisme » disent les analystes disséquant les propos de M. Obama. Le Capitalisme est comme démasqué. Reconnu en tant qu’il est une bête avec laquelle il faut cohabiter en la soignant de sorte qu’elle ne fasse pas trop de victimes. Le Capitalisme est criminel. Et si la crise des subprimes ne pouvait se comprendre qu’à l’aune, non d’explications strictement économico-financières, mais d’un paradigme criminel ? se demande Jean-François Gayraud, dans le présent numéro ? Criminel et inhumain ? Là intervient une distinction incontournable entre le capitalisme économique, et le capitalisme financier. Que l’un ait accouché de l’autre n’est probablement pas la question qu’il aura fallu se poser lors des crises des années 2000 (nous entendons, en dehors de la crise financière de 2008, la bulle internet des années 2000 liée à ce que l'on appelle l'immatériel dans l'économie moderne). Ce qui est à souligner peut se résumer en un chiffre : 70% des transactions mondiales se font de façon automatique, sans intervention humaine… Les montages financiers sont des mécanismes de contamination massive. Les actifs nocifs, pour reprendre les termes des économistes, endommagent les systèmes financiers mondiaux comme en empoisonnant le lac on extermine la population qui s’y abreuve… sans intervention humaine. A l’homme d’intervenir désormais. Le contrôle de l’incontrôlable, voilà le nouvel exploit à réaliser même s’il tient plus de la guérison, que de la prévention.
Le capitalisme : en sortir ? Réfléchir sur ses fondements peut-être, pour qu’au-delà d’une réflexion profonde sur les urgences financières mondiales, des perspectives nouvelles puissent être envisagées
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