Les émeutes anglaises se disputent la Une des médias avec la chute de la bourse. Tout a commencé le samedi 6 août. Les habitants de Tottenham envahissent les rues suite à la mort d’un père de famille de 29 ans, Mark Dugann, touché en pleine poitrine par les balles des forces de l’ordre, dans le cadre d’une opération contre la criminalité régnant dans ce quartier difficile. Le secteur compte une grande communauté noire, ce qui a rapidement transformé la bavure en attaque communautaire, et donc en fièvre politico-sociale. Très vite, le plan d'austérité entrepris par le pays, visant à augmenter les impôts et à baisser les dépenses sociales, est montré du doigt. Les émeutes se multiplient et dégénèrent, tant et si bien que le message premier des manifestants perd de sa substance : David Cameron, qui depuis samedi n’a jamais faibli dans sa volonté de répondre aux manifestations par la fermeté, parle d’un glissement rapide de la revendication sociale, au vol pur et simple. Les déclarations de l’homme politique trouvent apparemment un écho parmi la population : une pétition circule depuis peu, les anglais communiquent leur volonté de voir les émeutiers privés de leurs avantages sociaux. La pétition aura recueilli 90 000 signatures en quelques heures. Le site est déjà saturé, et les autorités attendent qu’incessamment sous peu, 100 000 signatures soient recueillies, de sorte à ce que le texte soit transmis au Parlement, grande première en Angleterre.
Les plumes anglaises ne sont pas les seules à noircir les pages médiatiques, alors que l’opinion internationales se contentent d’observer les faits, certains chefs d’Etat entendent tendre la main à l’Angleterre et donner des cours de droitdel’hommisme. Parmi eux, les irréprochables présidents lybien et iranien. Les chaines gouvernementales iraniennes diffusaient ces deux derniers jours, les images d’un Mahmoud Ahmadinejad investi, expliquant à la sortie d’un conseil des ministres qu’ « Au lieu d'adopter un tel comportement, les dirigeants britanniques feraient mieux de se tenir aux côtés de la population (...) et de l'écouter. Au lieu d'envoyer des troupes en Irak, en Afghanistan, en Libye pour piller le pétrole, ils feraient mieux de penser à leur population ». Mieux, un député iranien a déclaré ce mardi 9 août, que le parlement iranien entendait envoyer un groupe de rapporteurs au Royaume-Uni pour enquêter sur les violations des droits de l'Homme. Le chef de la commission de la Sécurité nationale et de la Politique étrangère du Parlement iranien, Hossein Ebrahimi, a expliqué que l’objectif de ce groupe de rapporteurs serait avant tout de s’entretenir avec les émeutiers interpellés, et de rédiger un rapport sur le traitement qu’ils subissent. La République islamique faisant figure de modèle concernant la gestion des revendications populaires, a bien compris qu’un gouvernement qui n’écoute pas son peuple et écrase les aspirations politiques dans le sang, est un gouvernement sans avenir. Aussi Mahmoud Ahmadinejad a-t-il ajouté, toujours lors du discours diffusé sur les chaînes d’Etat : "Une partie de la population britannique a perdu patience (...) et n'a aucun espoir dans l'avenir".
Au-delà des sempiternels pieds-de-nez à l’occident qui décrédibilisent bien plus le gouvernement iranien que les cibles des critiques de ce dernier, ce qu’il faut peut-être interpréter dans cette prise de position burlesque, consiste bien plus en une manœuvre de politique intérieure qu’en une réelle volonté de continuer à exister en tant qu’éternel opposant aux puissances occidentales. Une crise politique gouverne l’Iran depuis à présent quelques mois (voir nos précédents articles) et oppose de façon récurrente et difficilement viable, le guide suprême, chef de l’Etat iranien, et le président de la République islamique. Par cette prise de position, Mahmoud Ahmadinejad ne fait qu’appuyer son existence politique sur la scène iranienne pour remonter à bord d’un navire chancelant. Malheureusement, le manque d’équilibre n’est dû qu’aux secousses d’un Chef d’Etat en position de force, sur un président qui accumule les écarts de fidélité à Khamenei ; ce n’est pas encore la République islamique elle-même qui titube…
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