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Iran/Israël : pourquoi la guerre n’aura pas lieu ?

La guerre, tout le monde y pense. Aujourd’hui, dans l’opinion commune, s’il est une guerre à craindre, voire à prévoir, c’est bien une guerre avec l’Iran. Israël semble bien évidemment être l’adverse idéal : entre provocations récurrentes d’un gouvernement iranien désireux de « rayer l’Etat hébreu de la carte », et rupture officielle toute forme de communication avec la « فلسطین اشغالی », « felestin-e eshghali », la « Palestine occupée », Israël incarne, depuis 1979, plus qu’une cible pour l’Iran, mais une véritable ligne de conduite politique : l’antisionisme. Mais attention : l’hypothèse d’une guerre avec d’autres pays qu’Israël n’étonnerait pas non plus la scène internationale. Redoutent l’armement nucléaire de l’Iran, les Etats-Unis, et derrière eux, les pays de l’Union Européenne de façon plus indirecte, mais aussi les monarchies arabes sunnites. En fait, à y regarder de plus près, même si l’Iran a des alliés, étrangement aucun pays – pas même le Liban – ne souhaite voir l’Etat perse doté de l’arsenal nucléaire ; et les pays qui semblaient les moins réticents à l’idée d’un Iran nucléarisé, notamment au cours du périple de pourparlers internationaux, comme la Russie et la Chine, n’y voient d’autre intérêt qu’un argument économique de taille, et une certaine sérénité du fait de distances géographiques et stratégiques de l’éventuel terrain de jeu de guerre.
Alors pourquoi ce titre ? Pourquoi la guerre entre l’Iran et Israël n’aura pas lieu ? A considérer les points géostratégiques les plus élémentaires, c’est chose sure, une telle guerre ne peut concrètement voir le jour. Et si tel n’avait pas été le cas, aux vues du mûrissement positionnelle des deux pays, cela fait bien longtemps que le conflit aurait éclaté. Attention, ce dont nous essayons de démontrer l’impossibilité ici, ne concerne que l’hypothèse d’une guerre directe entre Israël et l’Iran. Cela n’effacera pas la piste d’un conflit indirect ou plus complexe du fait d’alliances éventuelles.

D’abord, observons les choses suivantes : il y a un peu plus de 1600 kilomètres entre l’Iran et Israël, de plus Israël possède l’arme nucléaire et applique la politique de la doctrine Begin. Begin, homme politique Israélien, a été à l’initiative, dans les années 80, d’une doctrine reposant sur le principe suivant : « ہA aucun prix, Israël ne permettra à un ennemi de développer des armes de destruction massive qu'il pourrait utiliser contre notre peuple ». Le bombardement à l’initiative de Menahem Begin entrepris en 1981 contre les installations nucléaires d’Osirak, en Iraq, a inauguré cette politique et a d’ailleurs débouché sur les résultats escomptés : une cessation de l’activité nucléaire iraqienne. Forcément, dans le cadre de cette politique systématique (la Syrie en aura d’ailleurs également fait les frais…), il est clair que les prétentions iraniennes concernant la nucléarisation n’ont d’autres perspectives que de se voir étouffées par des bombardements, ou pire, l’éventualité d’une déclaration de guerre. Le gel des réseaux informatiques des installations nucléaires iraniennes par le virus Stuxnet, dont l’inoculation est très largement attribuée aux services du Mossad ou à une branche de l'armée israélienne, sans que nous en ayons une preuve concrète et indiscutable, semble d’ailleurs aller dans le sens de l’idée d’offensive, offensive moderne via des moyens substituant le numérique au physique.







L’attaque préventive n’est donc pas une éventualité à mettre de côté. Pour ce faire, il faudrait bombarder les différents pôles de nucléarisation du pays qu’on localise désormais de façon précise sur le territoire iranien :




Voici les trois passages possibles :
· Le premier, le plus direct, nécessiterait de traverser les cieux de la Jordanie et de l’Iraq. Mais, le problème réside dans le fait qu’Israël a signé, en 1994, un traité de paix avec la Jordanie, rendant impossible toute opération aérienne survolant le pays.
· Le passage sud, passant toujours par la Jordanie, pose exactement le même problème.
· Le passage nord, le plus long et donc le plus facile à repérer, implique de croiser le carrefour kurde en longeant les frontières turque, iraqienne et syrienne. A ce niveau là, aucun problème de traité de paix ne viendrait contrarier l’opération. Où réside donc la difficulté ? Comme nous venons de le dire, cette route est la plus repérable, donc l’armée israélienne, pour parvenir à ses fins, devrait utiliser un puissant matériel de brouillage pour une centaine d’avions – nombre nécessaire à un bombardement efficace des centrales. Il va de soi que si l’opération n’est pas impossible, elle est du moins extrêmement risquée, d’autant qu’une fois arrivée dans les airs iraniens, l’armée israélienne se verrait confrontée à un excellent arsenal de terre iranien notamment composé du crotale français, et à 158 avions de combats qui pourraient se voir mis en difficulté certes, par l’aviation israélienne plus puissante, mais qui pourraient sans problème aucun du moins mettre à mal l’opération elle-même.



Pour toucher ces installations, géo-stratégiquement il n’existe que trois couloirs aériens entre Israël et l’Iran, et chacun de ces couloirs trouveraient leur emprunt irréalisable du fait de conventions entre pays dont l’outre-passement serait non-seulement catastrophique, mais quasiment impossible.
Cela étant dit, demeure un autre problème qui ressemble étrangement au mystère de la nucléarisation de l’Iran lui-même : l’hypothèse de la possession du système anti-aérien SA12. En effet, les pourparlers secrets avec les russes posent la question, sur la scène internationale, de l’éventuelle acquisition par l’Iran de cette technologie. Dans le doute, l’armée israélienne ne saurait prendre le risque de ce troisième couloir, au risque d’entreprendre un manœuvre kamikaze totalement stérile.
Autre solution ? Le contact totalement indirect qu’offre l’alternative du missile, le fameux Jéricho 3. Les stratèges sont formels : il faudrait 42 de ces missiles pour détruire les installations iraniennes… mais malheureusement pas uniquement ces installations : la région entière pourrait être anéantie, et l’option ne saurait être rationnellement envisagée. Mais imaginons que la raison ne gouverne plus les manœuvres et que la perspective soit effectivement envisagée, quelles conséquences ?
Comme on le sait, une des plus grandes installations, celle qui devrait en premier lieu retenir l’attention des entreprises israélienne, est l’installation de Bouchehr. Si ce pôle venait à être touché, les retombées radioactives seraient monumentales et ne toucheraient pas uniquement la population iranienne mais également les populations des pays alentours. Soit, poussons l’hypothèse jusqu’au bout et imaginons que ces conséquences ne dissuadent pas – ce qui est impensable – l’armée israélienne d’entreprendre cette manœuvre. L’Iran, en représailles, n’aurait d’autre choix que d’user de missiles à longue portée recouvrant un périmètre comprenant le petit Etat d’Israël, sachant qu’Israël a en sa possession un détecteur puissant de missile récemment vendu par les américains. Si l’allié libanais prend le partie d’aider l’Iran, ce qui est une évidence absolue, l’Etat major israélien serait effectivement mis en très grande difficulté.



De plus, une telle entreprise ne ferait que motiver plus l’Iran de s’investir encore dans sa nucléarisation pour sanctuariser son territoire. Une raison de plus de ne pas aboutir au paradoxe suivant : attaquer pour empêcher une nucléarisation qui ne ferait qu’engager toutes les forces du pays à orienter leur politique vers une nucléarisation massive et ainsi légitimée.
Malheureusement pour les pays arabes qui, contrairement à ce qu’on pourrait croire, se réjouissent du monopole nucléaire israélien dans la région, une attaque israélienne est une éventualité qui flirte avec l’utopie stratégique. Les pays arabes, au nom de leur propre sécurité et de la crainte d’une course à la nucléarisation dans la région, aimeraient voir Israël se salir les mains à leur place.
D’un autre côté, à imaginer que l’offensive vienne de l’Iran et non d’Israël, plusieurs paramètres dissuasifs sont à considérer : d’abord, les problèmes politiques internes qui colorent la vie iranienne depuis 2009 de façon plus sensible, ensuite, la certitude qu’une offensive rallierait les Etats-Unis et l’Europe à la défense israélienne, ralliement auquel l’Iran ne saurait absolument pas faire face, et enfin, l’idée selon laquelle toute l’identité politique iranienne bâtie sur l’antisionisme n’existerait plus si l’ennemie coextensif à son existence même venait à disparaître…
L’Iran est dans l’impasse : entre volonté indiscutable de poursuivre son programme de nucléarisation et mise en difficulté découlant de cette ambition, l’Iran pourrait – mais l’idée est presque utopique – éventuellement monnayer une cessation de l’enrichissement d’uranium ce qui lui permettrait d’unie une population hostile au régime contre les méchants comploteurs de la scène internationale, contre l’exigence d’une surveillance internationale des manœuvres politiques israélienne, ce qui, bien évidemment, serait refusé en bloc, par l’Etat hébreu.

Commentaires

Sara Elkins a dit…
C'est sera un effet domino auquel cahque pays tombera aus mains de L'Islam aussi qui c'est passe au Lebanon et comme ca ils pouvront disparer au Israel de puis prochecar ils seront la.

Pardonez moi, Je ne sais ecrire des accents.
Sara Elkins a dit…
C'est sera un effet domino auquel chaque pays tombera aus mains de L'Islam aussi qui c'est passe au Lebanon et comme ca ils pouvront disparer au Israel de puis proche car ils seront la.

Pardonez moi, Je ne sais ecrire des accents.

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