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Secularization of Shia Islam and The Islamic Republic of Iran / La Sécularisation du chiisme et la République Islamique d'Iran


Secularization is a process leading to a new state of facts, which is caracterized by an autonomization of the public sphere versus the religious one. This process also leads to a decline of religion. It is therefore the way Western social sciences define the concept of secularization: as a phenomenon, which is coextensive with Western modernity. Secularization, thus considered, is the full expression of disenchantment. However, the Iranian theocratic experiment initiated in 1979 makes the consideration of another definition of secularization necessary, or rather the extension of this concept: secularization can also be literally understood as a total application of otherworldliness into a secular and institutional sphere. This secularization of Shia Islam draws the outlines of a politicization of traditional religion into holistic ideological frameworks. This process is an "immanentization" of transcendent notions, such as the martyr figure or the notion of umma and creates confusion between the private and the public sphere, which is specific to modern socio-political ideologies. The secularization born out of theocratic ambition is now called into question in an unprecedented effort of reconsideration: henceforth, the failure of the theocratic model generates another type of secularization, which draws a distinction between the political and religious spheres. Post-khomeinist aspirations want to redefine some socio-political frameworks structured around the concepts of rights, dignity, pluralism and civil society. The experience of politicization of traditional Shia Islam is at the origins of a new blossoming of intellectuals, who articulate their approaches and commitments through the place to be given to Islam in the society, in order to save both religious and political spheres.


La sécularisation est un processus aboutissant à un nouvel état de fait qui se caractérise grossièrement par une autonomisation de la sphère publique par rapport au religieux, et à un recul du religieux. Ainsi les sciences humaines occidentales définissent-elles le terme de sécularisation : un processus coextensif à la modernité occidentale et qui est l'expression d'un monde qui se désenchante. Cependant l'expérience théocratique iranienne initiée en 1979 force l'exigence d'une autre définition du terme de sécularisation, ou plutôt d'un élargissement de son acception permettant d'appréhender l'idée littérale d'application en ce bas monde de ce que la religion promet en un au-delà du monde. La sécularisation du chiisme dessine un détournement politique de la religion traditionnelle dans des cadres idéologiques globalisants. Elle immanentise les grandes notions coextensives à la tradition religieuse comme la figure du martyr ou l'idée d'umma, et systématise une confusion des sphères publique et privée, confusion propre aux idéologies socio-politiques modernes. Cette sécularisation littérale tissée par l'ambition théocratique fait désormais l'objet de remises en question aux fondements d'un effort nouveau et inédit : celui de la considération d'un autre type de sécularisation, celui qui vise à circonscrire un système distinguant sphère politique et sphère religieuse. L'élan séculariste post-khomeyniste entend redéfinir des cadres socio-politiques autour des concepts de droits, de dignité, de pluralisme et de société civile. Le détournement politique du chiisme traditionnel aura ainsi engendré le positionnement d'une nouvelle catégorie d'intellectuels concentrant sa réflexion autour de la place à accorder à l'islam, tant pour le salut du religieux, que pour celui du politique.

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